Dialogue national: Solution à la crise ou facteur de son aggravation
Issam Ben Othman, porte-parole du Mouvement du 25 juillet, Chayma Aïssa, de l’initiative Citoyens contre le coup d’Etat et l’avocat Abdeljawed Harrazi, spécialiste de la transition démocratique, ont débattu lors de leur intervention dans Midi Show des mécanismes du dialogue national.
Issam Ben Othman, porte-parole du Mouvement du 25 juillet, a déclaré lors de son passage dans Midi Show, aujourd'hui vendredi 8 avril 2022, que le mouvement reflète les positions de la rue et représente la voix des citoyens. "Il comprend un certain nombre de jeunes qui se sont réunis et ont élaboré une feuille de route pour soutenir les décisions du président de la République", dit-il.
Et de poursuivre : "Nous ne sommes qu'un mouvement, nous ne sommes pas un parti et nous ne sommes pas intéressés par les élections. Nous avons choisi de nous aligner derrière le président, parce qu'il a exprimé notre volonté en tant que peuple, mais nous n'avons aucun contact direct avec lui"
Ben Othman a, par ailleurs, confirmé que Kais Saïed a lancé un dialogue national qui s'articule autour de trois axes : la consultation électronique, les réunions qu'il tient, actuellement, avec des organisations et des associations et il est prévu qu'il rencontre certains partis "prochainement", selon ses dires.
Le porte-parole du Mouvement du 25 juillet a, également, souligné qu'il y a plus 200 partis sur la scène politique et qu'il n'est pas possible au président de la République de tous les rencontrer. "Il n'a pas encore été décidé de ceux qui participeraient au dialogue national attendu", avance-t-il.
Une négligence totale de la crise que traverse la Tunisie
Pour sa part, Shaima Issa, représentante de l'initiative "Citoyens contre le coup d'Etat", a indiqué que l'appel à manifester, le 10 avril, vise à poursuivre la lutte pour le retour à la Constitution et à la loi. "Pour soutenir, également, les députés qui comparaissent devant la brigade antiterroriste pour avoir assisté à la plénière du 30 mars", a-t-elle déclaré.
Elle a, d'un autre côté, souligné que le dialogue aura lieu, lorsque le président de la République se réunira avec tous les courants, organisations et partis pour arriver à un accord qui tiendra compte de l'intérêt national".
Elle a affirmé, sur un autre plan, que ce qui se passe aujourd'hui est une négligence totale de la crise en Tunisie et une tentative d'effacer une histoire pleine de dialogues nationaux et d'acquis dont il faut tenir compte", explique-t-elle.
Chaima Aissa a aussi affirmé qu'en l'absence de conditions objectives, Kais Saïed ne pourra pas mener un dialogue national. "Nous parlons aujourd'hui d'une illusion, d'une réalité occultée et d'un leurre dans lequel on enfonce des Tunisiens. "Quiconque essaie d'encenser les points de vue et les décrets du président, nous insulte, en tant que citoyens", a-t-elle souligné.
Elle a estimé que le dialogue économique et social est important et tout le monde doit y participer. En parallèle, il faut, selon elle, mettre en place un gouvernement légitime et légal capable de négocier et de prendre des décisions, considérant que la dissolution du Parlement affecte négativement les relations de la Tunisie avec le Fonds monétaire international.
«Nous vivons aujourd'hui avec un président qui n'écoute personne, qui a décidé d'aller de l'avant dans la mise en œuvre de son projet, nous plongeant dans un état de chaos institutionnel", conclut-elle
Impliquer le plus possible d'acteurs
L'avocat Abdeljawad Harazi, spécialiste en transition démocratique, a expliqué que le Mouvement est une forme d'organisation pour exprimer une pensée ou une position, lorsqu'un groupe converge vers une pensée commune et une certaine perception auxquelles il croit. C'est une forme d'organisation moderne après que le rôle des partis ait été confiné dans sa forme classique.
"Ce mouvement a créé des campagnes de pression réussies, dans plusieurs pays. Cz6ertaines se sont parfois transformées en organisations dangereuses, alors que d'autres ont disparu avec la disparition de l'idée ou de l'objectif", a-t-il expliqué.
Concernant les composantes du dialogue national, Abdeljawad Harazi a révélé que le dialogue de 2022 ne ressemblera pas à celui de 2013, en raison de différences fondamentales dans le contenu et vu le cadre dans son ensemble.
"Aujourd'hui, Kais Saïed, le président élu, mène un dialogue sous l'égide de la présidence de la République, mais il doit impliquer le plus grand nombre possible d'acteurs, afin de sortir le pays de la crise et de tracer les grandes lignes de la future étape", affirme l'intervenant
Pour conclure, Harazi a déclaré : "Pour que le dialogue réussisse, ses sujets doivent être clairs et explicites. L'exclusion ne devrait concerner que ceux contre qui une décision de justice définitive a été rendue, leur interdisant toute participation à la vie politique, ou ceux qui choisissent de s'exclure, de leur propre gré»
Amel Letaief